Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise UMIFRE 19, MEAE-CNRS Séminaire doctoral
La prochaine séance du séminaire doctoral aura lieu le mardi 21 janvier 2020 de 18 h à 20 h en salle 601 de la Maison franco-japonaise.
Nous aurons le plaisir d'écouter les interventions de :
Louise Claire WAGNER, doctorante en études urbaines à l’université Paris Nanterre et affiliée à l’Institute of Global Concern de l’université Sophia. Bénéficiaire du Japan Foundation Fellowship Programme 2019/2020 et fondatrice/rédactrice du blog {Written} Towards Tōkyō 2020: a weekly report on a city preparing for the Olympic and Paralympic Games (https://www.louiseclairewagner.com/blog).
« Vers Tōkyō 2020 : la capitale japonaise face aux Jeux olympiques et paralympique »
Dans un peu plus de sept mois, Tōkyō accueillera les Jeux olympiques et paralympiques d’été. Fondés par Pierre de Coubertin en 1894 à Paris, les Jeux de l’ère moderne ont fortement marqué le passé de la capitale nippone : en 1940, ils devaient s’y dérouler, mais en raison de la seconde guerre mondiale, le Japon se voit contraint de les annuler. C’est finalement en 1964 que Tōkyō est la première ville hôte de l’Asie. La population japonaise, soucieuse de démontrer au reste du monde le rétablissement du pays après la guerre et sa modernisation, accorde une importance majeure à l’événement. Les Jeux de Tōkyō 1964, souvent qualifies comme « renaissance » du Japon, ont un impact notable sur l’aménagement de la ville et sur la population du pays.
Le Japon du XXIe siècle n’est plus celui de 1964 ; Tōkyō ville hôte en est naturellement l’écho. Cependant, la capitale d’aujourd’hui est un rappel permanent des Jeux de 1964, et avec la division en Zone Héritage et Zone de la Baie de Tōkyō, elle met en avant autant la richesse de son passé olympique que son ambition d’avancer la ville vers le front de mer.
Les Jeux olympiques et paralympiques servent dans le contexte de la mondialisation souvent à redéfinir la place des villes hôtes dans la compétition interurbaine. Ainsi, la volonté de retravailler l’image après le séisme de 2011 et la catastrophe nucléaire de Fukushima et le souhait d’encourager la population japonaise, vieillissante, à s’ouvrir vers l’Occident ont été mis en avant dans le cadre de la candidature. En effet, bien que Tōkyō soit une des villes les plus équipées et sécurisées au monde, elle n’en est pas moins consciente de la montée en puissance des autres villes globales et des BRICS : elle est dès lors attentive à préserver sa place sur le marché international. Les Jeux olympiques et paralympiques peuvent provoquer pour les villes hôtes des transformations significatives urbaines et sociales et offrent, en imposant un cadre temporel défini, une occasion d’accélérer une variété de projets urbains (préexistants).
J’ai souhaité dédier la première partie de ma thèse en cours à la capitale japonaise. Afin de discerner les particularités contextuelles des enjeux récurrents auxquels font face les villes olympiques, je procèderai ensuite à une étude comparative des deux prochains hôtes, Tōkyō (2020) et Paris (2024). En m’appuyant sur quelques exemples précis, l’intérêt de cette présentation est de tirer un bilan provisoire des projets qui sont réalisés à Tōkyō dans l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de 2020.
Et de :
Adeline WINTZER, doctorante en sciences politiques à l'université Hitotsubashi et à Sciences Po Paris.
« Acteurs politiques et action publique des retraites au Japon depuis les années 1980 »
Le Japon fait face à un vieillissement important de sa population, ce qui augmente le nombre de bénéficiaires potentiels de pensions de retraite. La retraite est une forme de salaire et un enjeu de lutte entre des acteurs ayant des intérêts divergents (les travailleurs, les actionnaires, les syndicats, les dirigeants du champ économique, etc.). Les processus de réformes des retraites matérialisent cette volonté de divers acteurs de redéfinir les conditions de distribution des ressources financières destinées aux personnes âgées. En même temps, le processus politique de la réforme comporte des risques pour les acteurs politiques, et il peut susciter l’opposition des citoyens et des électeurs. Le système de retraite japonais comporte plusieurs niveaux, auxquels les travailleurs ont accès de différentes manières en fonction de leur statut. Plusieurs réformes du système de retraite ont été mises en œuvre depuis les années 1980. Comment les contraintes et les intérêts des acteurs politiques ont influencé les processus de réformes des retraites au Japon ?
Par exemple, le gouvernement japonais a essayé d'élever l'âge de la retraite de 60 à 65 ans en 1979 et en 1989 sans y parvenir, du fait de l'opposition des syndicats et des partis d'opposition. Toutefois, en 1994, le Parti socialiste du Japon, qui est membre d’une coalition d’opposition, accepte d'augmenter l'âge de départ à la retraite. Le PSJ réalise ainsi une concession vis-à-vis de ses partenaires de coalition. Cette concession a joué un rôle dans la faible contestation de la mesure d’augmentation de l’âge de départ à la retraite par les syndicats. L’adoption du projet a ainsi été facilitée. Autre exemple, le député d'opposition Akira Nagatsuma, ancien journaliste d'investigation, a contribué à mettre en lumière les scandales associés au système de retraite, notamment les problèmes de perte d’informations sur les cotisations versées par certains assurés. Cet homme politique a ainsi pu gagner en popularité. Enfin, on peut penser que l'introduction d'un mécanisme d'ajustement macroéconomique des retraites en 2004 a contribué à un phénomène de dépolitisation de la question de la baisse des retraites. Désormais, en fonction des conditions macroéconomiques, il est possible de faire baisser les retraites dans une certaine mesure sans que l’intervention des acteurs politiques ne soit directement nécessaire. Ceci diminue les risques politiques liés à la conduite de réformes. En nous basant sur l'analyse d'un certain nombre d'exemples comparables issus des processus de réformes des retraites au Japon depuis les années 1980, nous montrerons l'influence des contraintes et des intérêts des acteurs politiques sur la construction de l'action publique des retraites au Japon.
Par ailleurs, nous vous annonçons qu’à la fin du prochain séminaire doctoral, afin de commencer la nouvelle année sur une note conviviale, sera tenu un petit pot.
En espérant vous retrouver nombreux au séminaire, nous vous souhaitons un joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d’année.
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