Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise UMIFRE 19, MEAE-CNRS Séminaire doctoral
Nous aurons le plaisir d'écouter l’intervention de :
Alexandre Taalba, doctorant à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, École doctorale Esthétique, sciences et technologies des arts, Laboratoire « Arts des images et art contemporain » EA4010, Équipe de recherche Esthétique, Pratique et Histoire des Arts/Special Research Student à l'université de Tokyo, Graduate School of Arts and Sciences, Department of Interdisciplinary Cultural Studies
« Transmettre la mémoire de la bombe atomique : entre récits et représentations »
Les 6 et 9 août 1945, les villes de Hiroshima et Nagasaki sont bombardées ; pour la première fois, l’humanité est confrontée à l’arme atomique. En un espace de temps infime s’accomplit le meurtre de masse de populations civiles, ainsi qu’une transformation de l’environnement, réduit à néant. Pendant l'occupation du Japon (1945-1952), l’influence étatsunienne est telle que le discours officiel sur les bombardements est prohibé, certaines images sont confisquées, classées secret défense par le gouvernement étatsunien, si bien que la presse japonaise n’est pas autorisée à les diffuser. À cette censure, s'ajoute la difficulté de mettre en récit les événements. Les victimes des bombardements sont bien souvent dans l'impossibilité de transmettre leur expérience à leurs descendants.
L’idée principale de notre travail est de montrer comment l’art contemporain japonais possède une fonction mémorielle – exprime, conserve ou transmet la mémoire des bombardements atomiques. Nous empruntons à Marianne Hirsh le concept de postmémoire, qui postule que des mécanismes indirects peuvent participer de la transmission mémorielle d'un événement traumatique. Là où le récit est absent, la création et le discours artistique peuvent se constituer en vecteurs de transmission mémorielle et véhiculer un point de vue critique sur les événements.
Dans une perspective historiographique, nous distinguons différents stades de mémoire, en fonction des représentations artistiques de la bombe atomique et questionnons l’expression de Tanabe Hajime, « époque de la peur atomique » 「原子力時代の恐怖」 (genshiryokujidai no kyôfu), qui nous semble illustrer cette propension des questions relatives à la bombe atomique à recouper le débat sur la modernité au Japon et les luttes politiques des années 1960.
D’un point de vue esthétique, nous cherchons à identifier une symbolique de la bombe atomique et des mises en récit au caractère implicite ou détourné. Nous tâchons de déterminer l’usage des motifs (champignon, pikadon, pluie noire…), en tant que représentations artistiques et donc d’élaborer une terminologie, qu’il s’agisse de représentations abstraites, métaphoriques ou métonymiques.
Enfin, nous retraçons les origines des motifs qui parcourent l’histoire des représentations de la bombe atomique, en confrontant philosophie d’après-guerre, littérature de la bombe et sources issues de l’histoire orale, aux représentations artistiques, images documentaires et politiques muséales de 1945 à nos jours.
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Cette intervention sera suivie d’une discussion abordant plusieurs sujets proposés par l’équipe de l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (UMIFRE 19) :
panorama des soutenances de thèse dans le domaine des études japonaises ;
processus de soutenance, puis de qualification ;
statut des doctorants associés : une réflexion à mener ;
une présentation de la SFEJ (atelier doctoral, colloque, publication Japon Pluriel, etc.) ;
les communications et publications des doctorants ;
la stratégie des langues (que faire de l’anglais ? du japonais ? etc.)
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