Nous commencerons la séance par une discussion consacrée à la publication des travaux de recherches introduite par Jean-Michel BUTEL, maître de conférences à l’INALCO, et chercheur à la Maison Franco-japonaise. Afin d’anticiper leurs échanges, les participants sont invités à préparer quelques questions autour de ce thème.
Nous aurons ensuite le plaisir d’écouter les interventions de :
Sacha DEMAZY, doctorant en socio-anthropologie à l’Université Paris Ouest Nanterre - La Défense.
UNE ENQUÊTE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DU STRIP-TEASE AU JAPON
En présentant un aperçu de ce qui se trame dans les théâtres de strip-tease au Japon, cette communication propose une appréhension du corps et de l’agencement du désir sexuel, en tant que construits socio-culturels, par l’analyse de la féminité stéréotypée qui y est représentée et sur l’effet que celle-ci produit sur le capital de virilité de client-spectateurs qui viennent l’admirer. Cet exposé souhaite in fine suggérer une réflexion sur la façon de concevoir le corps et ses représentations érotiques — conséquence de transformations sociétales — conformément aux interprétations d’un cadre culturel mouvant (théorie des scripts sexuels) que l’on peut comprendre et intégrer à notre perception de la réalité sociale. Le chercheur se doit donc de composer avec ces soucis d’ancrages, aussi bien au niveau disciplinaire qu’au niveau du contexte socio-culturel des pratiques. Nous proposons ici de présenter la manière dont ces problématiques spécifiques à l’étude des cultures ludiques, ont affecté l’organisation de notre objet d’étude et notre méthodologie de recherche.
Et de :
Laurent JAUBERT, doctorant en géographie à l’Université Lyon 2, UMR “Environnement, ville, société”, boursier du MEXT à l’Université de Tokyo.
LA DOMINATION SPATIALE À TOKYO
Au premier abord, la présence de relations de domination spatiale à Tokyo — ou ailleurs — semble légitime et peu surprenante. Pourtant, bien que le terme de domination nous soit relativement familier, l’état de ses mécanismes internes et de ses effets demeure opaque. Comment en effet répondre à la question, qu’est-ce que dominer spatialement ? Ou plus concrètement encore, qu’est-ce qu’être riche à Tokyo ? Mais surtout, comment et pourquoi la domination spatiale est rendue possible quand les individus sont égaux devant la loi ? Pour comprendre, un des points d’approche les plus fructueux semble être celui d’une analyse catégorique de la qualité urbaine, et ce pour deux raisons. Premièrement, celle-ci a l’avantage de traverser tous les types de lieux (logements, bureaux, commerces, etc.) de l’expérience urbaine, car indépendamment de sa fonction le bâti possède nécessairement une qualité qui plus est comparable à d’autres. Secondement, la ville demeure indissociable de ses citoyens, ils y logent, travaillent et consomment. Leurs cheminements en ville (modes de vie), indexés de qualités urbaines (aménités, etc.) donnent lieu à l’intérêt de l’étude de la domination spatiale, car si le champ d’implications de cette dernière se limitait au tissu urbain sans atteindre le quotidien des individus, une telle recherche n’aurait que peu d’intérêt. Partant de ce point de vue, il devient naturel de questionner la planification urbaine qui construit, organise et même hiérarchise physiquement la ville. Pourquoi par exemple, est-il possible, dans le cadre de la loi, de réguler un lieu de manière très stricte afin de le protéger de la pression foncière et pas un autre ? Ou encore, pourquoi engager de coûteux travaux d’embellissement tels que l’enfouissement de câbles électriques là et pas ailleurs ? Finalement, de manière à sortir le terme de son ésotérisme, nous tentons dans notre recherche de donner une définition logique précise de la domination spatiale, c’est-à-dire abstraite de l’exiguïté du cas concret. Cette présentation, dans une optique de préparation à la soutenance de thèse de doctorat à venir, sera didactiquement orientée vers notre résultat final, une introduction à la ville quotient, concept synthétique de notre définition de la domination spatiale.
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