vendredi 11 octobre 2024 / 18 h - 20 h | |
auditorium | |
Livio DE LUCA (CNRS) |
La recherche sur le patrimoine transforme l'interaction entre objets matériels et études multidisciplinaires en un vecteur de production de savoirs collectifs. Notre démarche innovante en matière de modélisation computationnelle et de numérisation tire parti du chantier scientifique de Notre-Dame de Paris, mobilisant des spécialistes de divers domaines (archéologie, anthropologie, architecture, histoire, chimie, physique, informatique) pour élaborer un corpus de données reflétant les pratiques scientifiques actuelles dans l'étude du patrimoine à l'ère numérique. Nous aspirons à transcender la simple numérisation de l'objet physique pour embrasser la connaissance approfondie de celui-ci, examinant comment les caractéristiques de l'objet matériel et les savoirs qui y sont associés se nourrissent mutuellement à travers le prisme de la recherche.
Architecte, docteur en ingénierie, HDR en informatique, Livio DE LUCA est directeur de recherche de 1ère classe au CNRS. Il a dirigé l'UMR CNRS/MC MAP (Modèles et simulations pour l'Architecture et le Patrimoine) de 2012 à 2023. Il a été membre nommé du Comité national de la recherche scientifique (section 39) de 2016 à 2021 et co-président du congrès international UNESCO/IEEE/EG Digital Heritage à Marseille en 2013 et Grenade en 2015. Modératrice : Delphine VOMSCHEID (IFRJ-MFJ) |
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
vendredi 11 octobre 2024 / 13h-18h | |
Galerie de la Maison franco-japonaise |
En 1958, le jeune cinéaste Alain Resnais débarque au Japon pour tourner son premier film de fiction, Hiroshima mon amour, avec une équipe en majorité japonaise. Le scénario et les dialogues sont confiés à Marguerite Duras, qui fait ainsi sa première incursion dans le monde du cinéma. Présenté à Cannes, le film rencontra un succès considérable et est aujourd'hui devenu une œuvre incontournable dans l'histoire du cinéma. Alain Resnais choisit pour interprètes Emmanuelle Riva et Okada Eiji, qui ont tous deux fait leurs premières armes dans le monde du théâtre. Des empreintes (ou frottages) réalisées par Masao Okabe à partir des dalles des quais d'Hiroshima, déjà présentées à la Biennale de Venise en 2007, seront aussi exposées. L'artiste proposera en outre des ateliers de création.
|
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
vendredi 18 octobre 2024 / 18 h - 20 h | |
auditorium | |
Bernard FAURE (professeur émérite, univ. Columbia) |
Comme le montre un livre récemment traduit en français, Le bouddhisme et la science, de Donald Lopez Jr., la question de la compatibilité du bouddhisme et de la science a été soulevée dès la fin du XIXe siècle. Depuis lors, les interlocuteurs du soi-disant « dialogue » entre bouddhisme et science ont changé à diverses reprises, mais les arguments avancés des deux côtés sont restés pour l'essentiel les mêmes. Du côté bouddhique, à partir des années 1980, le bouddhisme tibétain a remplacé le Zen comme interlocuteur principal du côté bouddhique. Mais pour devenir « compatible » avec la science, les diverses tendances du bouddhisme ont dû éliminer de leur discours des pans entiers de la doctrine traditionnelle. Bernard FAURE se spécialise dans l'étude des rapports du bouddhisme et des religions d'Asie, d'un point de vue historique et anthropologique. Après avoir enseigné l'histoire du bouddhisme chinois à l'université Stanford de 1988 à 2006, il a enseigné la religion japonaise à l'université Columbia jusqu'à 2023. Il est l'auteur de diverses publications en français et en anglais, parmi lesquelles: The Rhetoric of Immediacy: A Cultural Critique of Chan/Zen Buddhism (Princeton University Press, 1991) ; Chan Insights and Oversights: An Epistemological Critique of the Chan Tradition (1993) ; The Power of Denial: Buddhism, Purity and Gender (Princeton University Press, 2003) ; Bouddhismes, philosophies et religions (Flammarion, 2000) ; Bouddhisme et violence (Le Cavalier Bleu, 2008) ; Sexualités bouddhiques : entre désirs et réalités (Flammarion, 2011) ; L'imaginaire du Zen : l'univers mental d'un moine japonais (Les Belles Lettres, 2011) ; Gods of Medieval Japan, vol. I-III (University of Hawaii Press, 2015-2021) ; et Les mille et une vies du Bouddha (Seuil, 2018). Il vient de terminer les volumes IV et V de Gods of Medieval Japan, et prépare actuellement deux ouvrages — l'un sur le bouddhisme et les neurosciences, l'autre sur le bouddhisme et l'Intelligence Artificielle. Modérateur : Antonin BECHLER (IFRJ-MFJ) |
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
mardi 22 octobre 2024 / 18h - 20h | |
auditorium | |
Yoshikazu NAKAJI (vice-président de la FMFJ, prof. émérite de l'univ. de Tokyo) |
Parmi les poètes français modernes introduits au Japon depuis le début du siècle dernier, le cas de Rimbaud est unique dans la mesure où les premières traductions majeures de ses œuvres n'ont pas été réalisées par des soi-disant spécialistes de littérature française, mais par Kobayashi Hidéo (pour les œuvres en prose), qui sera plus tard considéré comme le fondateur de la critique littéraire moderne au Japon, et Nakahara Chūya (pour les vers), l'un des poètes lyriques les plus importants de la première moitié du XXe siècle. Leurs traductions des œuvres de Rimbaud étaient tellement assimilées à leur langue, sans traces de traduction, qu'on pouvait les confondre avec leurs propres créations. Elles se sont vite ancrées dans le climat de la langue japonaise, parallèlement à la notoriété croissante des traducteurs. Rimbaud a certainement eu la chance d'avoir ces traducteurs. Leurs traductions, qui datent des années 1930, et figurent toutes deux aujourd'hui dans la collection « Iwanami Bunko », continuent d'être les traductions de Rimbaud que la majorité des jeunes lecteurs choisissent, en dépit des nouvelles traductions publiées coup sur coup après la seconde guerre mondiale. Leur popularité si durable provient avant tout de la création d'un ton qui épouse la voix de Rimbaud. D'un autre côté, du point de vue actuel, 90 ans après leur publication, ces traductions présentent de sérieuses lacunes, tant en terme de compréhension de Rimbaud que de précision linguistique. Il serait plus approprié de considérer ces traductions comme des œuvres de Kobayashi et de Nakahara basées sur Rimbaud plutôt que comme des traductions proprement dites de Rimbaud. Le malheur de Rimbaud au Japon est que les jeunes lecteurs se sont longtemps attachés ou fixés sur des traductions d'auteurs connus qui, tout en possédant un attrait stylistique distinctif, s’écartent du message du texte original ou le déforment, rendant difficile la réalisation d'une lecture conforme à l'intention de l'auteur (qui elle-même est souvent difficile à deviner). La contribution de Kobayashi et Nakahara en tant que pionniers de l'introduction de Rimbaud au Japon doit être dûment reconnue. Cependant, il est grand temps de mettre fin à l'irresponsabilité qui consiste à donner aux nouveaux lecteurs l'illusion que « c'est du Rimbaud ». En tenant également compte du travail des traducteurs après Kobayashi et Nakahara, et sur la base d’une relativisation historique, cette conférence tentera d’explorer la façon dont la réception de Rimbaud devrait désormais se faire, du triple point de vue du traducteur, du lecteur et de l'éditeur. Conférencier : Yoshikazu NAKAJI, vice-président de la Fondation Maison franco-japonaise, professeur émérite à l’université de Tokyo, travaille sur la poésie française du XIXe siècle, Baudelaire et Rimbaud, entre autres. Sur Rimbaud, il a publié Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d’analyse textuelle d’Une saison en enfer, José Corti, 1987 ; Rimbaud entre le génie et le clown (en japonais :『ランボー 精霊と道化のあいだ』、青土社、1996) ; Rimbaud la poétique de l’autoportrait (en japonais :『ランボー 自画像の詩学』岩波書店、2005) ; Rimbaud, Œuvres complètes (en japonais et en collaboration : 『ランボー全集』、青土社、1996) ; Anthologie bilingue : poésies de Rimbaud (『対訳ランボー詩集』、岩波文庫、2020 ) ; Les Saisons de Rimbaud (en collaboration), Hermann, 2021. Il est aussi traducteur de Le Clézio, de Roland Barthes et d’Antoine Compagnon. Discutant : Kazuki HAMANAGA, maître assistant à l’université de Tokyo, a soutenu sa thèse de doctorat intitulée Morale et fantaisie dans l’œuvre en vers de Rimbaud à Sorbonne Université en 2023. Il a publié plusieurs articles sur Rimbaud, parmi lesquels « Mère et fils dans Mémoire de Rimbaud », in Études de langue et littérature françaises, n°125, août 2024 ; « D’Olympio au “voleur de feu”. L’héritage littéraire du romantisme dans la lettre du 15 mai 1871 », in La Revue des lettres modernes, n°5, Lettres modernes Minard-Classiques Garnier, mai 2024.
Modérateur : Thomas GARCIN (IFRJ-MFJ) |
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
vendredi 25 octobre 2024 / 18 h - 20 h | |
salle 601 | |
Sophie HOUDART (IFRJ-MFJ) |
Venue au Japon pour un projet portant sur la notion de « retour d'expérience », j'ai cherché à comprendre ce qui s'apprend et se transmet d'une catastrophe. En prenant pour point de départ la recherche menée depuis 2011 sur la Grande catastrophe du Tōhoku, j'ai élargi considérablement, durant cette année, le champ de mes observations : à Rokkasho-mura, dans cette région du nord du Japon qui connaît aujourd'hui la plus forte concentration d'infrastructures énergétiques du pays ; dans la ville même d'Aomori, où ont lieu les séances d'un procès engagé il y a plus de trente ans par une association luttant contre le démarrage d'une usine de retraitement des déchets radioactifs ; à Hokkaido, sur les sites à l'étude pour le stockage définitif des déchets radioactifs de haute activité - autant de territoires où aucune catastrophe n'est encore advenue mais dont la configuration même est déterminée par sa possibilité, son anticipation, sa préparation. Pour travailler dans cet écart entre ce qui est arrivé, ce dont on fait leçon et ce contre quoi on se prépare, j'ai choisi de décaler radicalement la perspective : il sera ainsi question, aussi, de la marche longue que j'ai réalisée le long du Michinoku Coastal Trail, sentier de randonnée inauguré en 2014 et destiné tout à la fois à commémorer l'évènement catastrophique de 2011, à marquer les quelques mille kilomètres de la côte Pacifique touchée par le tsunami, et à inscrire durablement, dans le corps de ceux qui en font l'expérience, la mémoire de ce qui est arrivé de façon à éviter que cela ne se reproduise à nouveau. Sophie HOUART est anthropologue au CNRS, chercheure à l'IFRJ. S'intéressant aux sciences et techniques, elle a réalisé plusieurs enquêtes portant sur les modes de construction et pratiques locales de la modernité au Japon ainsi que sur le thème de la création et de l'innovation (La cour des miracles. Ethnologie d'un laboratoire japonais, 2008 ; Kuma Kengo. Une monographie décalée, 2009, L'universel à vue d'œil, 2012). En 2012, elle a entamé une nouvelle recherche sur la vie après la catastrophe de Fukushima et a contribué, sur cette question, à la constitution d'un collectif hybride, « Call It Anything », regroupant plusieurs chercheurs en sciences sociales ainsi que des artistes et vidéastes autour d'expérimentations croisées portant sur les thèmes du trouble, du territoire abîmé, de la radioactivité, de la recomposition des existants : http://www.f93.fr/fr/project/11/call-it-anything.html. Elle poursuit aujourd'hui la réflexion sur les territoires nucléarisés en l'élargisseant au territoire de La Hague, dans le Cotentin, et à celui de Rokkasho-mura, dans la préfecture d'Aomori, à propos desquels elle fait l'hypothèse qu'ils ont été conçus comme des analogons. Modérateur : Thomas GARCIN (IFRJ-MFJ) |
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
mardi 29 octobre 2024 / 18h - 20h | |
salle 601 & en ligne | |
Lucie MIZZI (univ. Paul-Valéry Montpellier 3 - UMR SENS) |
Après inscription, les participants en distanciel recevront un lien Zoom le jour de la séance. La corporation des marchands ambulants tekiya joue depuis son émergence au XVIIe siècle un rôle important dans la structuration du commerce rural et urbain japonais. En particulier lors des 100 000 à 300 000 fêtes démonifuges et propitiatoires matsuri organisées chaque année dans l'archipel. Ce rôle apparaît d'autant plus paradoxal que les tekiya incarnent dans le système japonais de représentations la figure par excellence de la marginalité, de la déviance, du désordre et de la souillure. À ce titre, ils sont assimilés à la pègre yakuza, dont ils sont également les ancêtres, dans la plupart des travaux scientifiques. Après avoir exercé durant dix ans en tant que réalisatrice de documentaires, Lucie MIZZI a obtenu son Master en anthropologie mention Cultures, identités, mondialisation à l'université Paul-Valéry Montpellier 3 en 2023. Son mémoire portait sur les vendeurs de rue japonais tekiya, leurs sociabilités et échanges marchands dans le département de Hyōgo et la préfecture d'Ōsaka ; travail qu'elle poursuit aujourd'hui par la préparation d'une thèse intitulée Commerce ambulant, une marginalité sociale en question au Japon. Passé, présent et devenir de la corporation des vendeurs de rue tekiya, sous la direction de Sophie Houdart et Bernard Formoso à l'université Paul-Valéry Montpellier 3 : https://terrainjapon.hypotheses.org/lucie-mizzi. Modérateur : Étienne MARQ (CRCAO) Renseignements : doctorantsmfj@gmail.com ou contact@mfj.gr.jp |
* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.
Agenda du Bureau Français > octobre 2024