© Kenjirô Muramatsu
Ce séminaire a pour objectif d’explorer et d’interroger les philosophies, les idées et les utopies sur lesquelles reposent les mouvements de retour à la terre dans leur dimension culturelle et historique au Japon et en Europe. Les conceptions de la nature et de la vie sont au coeur de ces pensées et des mouvements sociaux écologistes. C’est pourquoi ce séminaire abordera les pensées de la nature, la notion de vie dans la pensée européenne et japonaise, et comment ces notions prennent forme, circulent, sont adaptées et participent des transformations sociales. Alors même que les limites de la civilisation moderne et industrielle et la durabilité de l’environnement planétaire sont pointées du doigt, les différents Etats ne parviennent pas à élaborer un véritable consensus politique pour relever le défi. En novembre 2017, 15000 scientifiques issus de 184 pays, mettaient en garde dans la revue BioScience contre le danger de pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie » et ont sommé les responsables politiques de tout mettre en œuvre pour «freiner la destruction de l’environnement » (Le Monde, 20 juillet 2018). Et malgré tout, les transformations à opérer ne sont toujours pas entreprises. On pourrait penser que « faire entrer la nature en politique » reste un objectif ardu (ou rétif) en raison des héritages historiques et culturels et des différentes conceptions de la nature. Et pourtant, la différence n’est pas nécessairement un obstacle : des idées circulent, sont adaptées au-delà de leur contexte d’émergence et inspirent des mouvements ou des initiatives qui visent à changer sinon le monde, du moins le rapport au vivant localement. L’Europe et le Japon ont été les premières régions de l’ « ancien monde » à connaître l’industrialisation, et concomitamment celle-ci a provoqué des mouvements de réaction et parfois la volonté de retourner vers la terre. Ces mouvements et aspirations de retour sont-ils réactionnaires ou porteurs d’innovation ? Que traduisent-ils des crises sociales et environnementales ? En quoi cette notion de crise éclaire-t-elle la nature de ces mouvements ? Le séminaire vise à rassembler des chercheurs dont les travaux portent sur des penseurs ou des courants de pensée qui ont émergé au Japon et en Europe (France, Allemagne), portant sur l’écologie, la vie, le soin aux milieux. Des pensées qui ont influencé, dans leurs contextes nationaux ou au-delà, des mouvements en lien avec l’agroécologie ou différentes formes de « retours à la terre ».
Le séminaire sera réalisé à Tokyo (MFJ- Maison Franco-Japonaise) et Strasbourg (Misha), et partiellement sous la forme d’une visio-conférence entre la France et le Japon. Il rassemblera des chercheurs de différentes disciplines (géographes, sociologues, anthropologues, historiens, philosophes...) dans le but de progresser dans la connaissance des pensées en rapport avec le soin de la terre. Plus qu’une visée comparative, nous nous intéressons au dialogue entre les cultures et à la circulation des idées entre l’Europe et le Japon : Quand Fukuoka rencontre Steiner, que peuvent-ils bien se raconter ?
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Conférenciers : Nicolas BAUMERT (univ. de Nagoya), Aurélie CHONÉ (univ. de Strasbourg), GÔDO Yoshihisa (univ. Meiji Gakuin), Laurence GRANCHAMP(univ. de Strasbourg), HIRAGUCHI Yoshinori (univ. Joshi Eiyô), Hanno JENTZSCH (German Institute for Japanese Studies), KURODA Akinobu (univ. de Strasbourg), MASUGATA Toshiko (ex-univ. Shukutoku), MURAMATSU Kenjirô (univ. de Strasbourg), Cyrian PITTELOUD (univ. de Genève), Rémi SCOCCIMARRO (IFRJ- MFJ), TAKEZAWA Shôichirô (Musée national d’Ethnologie)
Organisation : Projet scientifique Misha 2019-2020 univ. de Strasbourg, IFRJ-MFJ
Soutien : JSPS Kakenhi Grant Number : 17K13578
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