Il y a maintenant cent ans, en 1910, le royaume de Corée était annexé par le Japon. 2010 était donc destinée à être une année importante dans le traitement de la colonisation japonaise en Corée. C’est en réponse à ce contexte que
Cipango Cahiers d’études japonaises a lancé, au printemps 2009, un appel à contributions qui opérait un ciblage sur le « fait colonial ».
Pourquoi le fait colonial et non pas seulement la Corée ? Parce qu’il paraissait alors tout à fait clair que la Corée allait logiquement faire l’objet d’une attention prononcée, laissant peut-être oublier le temps plus long – et sous-terrain – de la logique coloniale. En effet, avant l’annexion de la Corée vint celle de Taiwan, mais également une présence japonaise qui se développe en Mandchourie, à partir de 1904, sans compter que l’archipel entretenait déjà un rapport de domination avec la péninsule depuis 1876. Par ailleurs, si l’empire colonial japonais devait s’écrouler en même temps que la défaite de 1945 – la décolonisation s’est superposée avec la défaite militaire –, l’actualité du temps présent nous rappelait que le passé colonial empoisonnait encore, si ce n’est plus que jamais, les relations entre États modernes.
Les propositions retenues sont fidèles à notre volonté première de restituer un échantillon, en rien exhaustif, de la variété du « fait colonial ». Ainsi le lecteur trouvera-t-il réunies des contributions sur les sociétés coloniales elles-mêmes, sur les questions relatives à la mémoire coloniale, sur l’histoire culturelle et économique, ou encore sur l’histoire diplomatique et militaire. Deux numéros de la revue offrent deux cadres distincts permettant d’organiser la « matière » qui nous a été confiée : le premier volume, numéro 18, traite la période coloniale, en se concentrant sur les décennies 1880-1920, tandis que le second volume, numéro 19 qui vient de paraître, se penche sur le temps postcolonial, de 1950 à nos jours.
La réalisation de ces deux numéros, dont la sortie a été longuement repoussée, s’est faite avec le soutien de la Maison franco-japonaise de Tokyo à laquelle sont aujourd'hui rattachés les deux directeurs du projet, Arnaud Nanta et Laurent Nespoulous.
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