Repenser l’opinion publique avec Rousseau
[Conférence] Bruno BERNARDI (CNRS)
18 h 30 - 20 h 30 salle 601 en français
Profil :
Bruno Bernardi, ancien élève de l’Ecole Normale supérieure, agrégé et
docteur habilité en philosophie, est membre de l’Institut d’histoire de
la pensée classique du CNRS et directeur de programme au Collège
International de Philosophie. Ses travaux portent sur Rousseau (dont il a
édité plusieurs œuvres) et sur l’histoire conceptuelle de la modernité
politique. Principaux ouvrages : Qu’est-ce qu’une décision politique ?,
2003 ; La fabrique des concepts, recherches sur l’invention conceptuelle
chez Rousseau, 2006 ; Le principe d’obligation : sur une aporie de la
modernité politique, 2007. Ses recherches en cours portent sur les
concepts de société civile et de droit politique.
Résumé :
L’opinion publique a, dans la modernité, un double visage. Déclaration de la volonté du peuple, elle est principe de légitimité. Expression des passions collectives, elle empêche la prise de décisions rationnelles. Le républicanisme voit dans une délibération qui substitue les arguments aux affects le moyen de constituer une opinion publique éclairée. Mais on lui oppose l’irréalisme de sa conception du peuple : ce sont les sentiments d’appartenance, non un calcul rationnel, qui fonderaient la communauté.
Rousseau trace une autre voie pour penser l’opinion publique. Son anthropologie le conduit à récuser la dichotomie entre passion et raison : leur racine commune est, pour le pire et le meilleur, dans la civilisation de l’homme. Sa pensée politique peut ainsi rendre compte du rôle des affects de sociabilité dans la formation d’une raison publique. On s’efforcera de montrer que, dans le Contrat social, le concept d’opinion publique est le corolaire et le complément nécessaire de celui de volonté générale.
Modérateur :
Christophe MARQUET (Bureau français de la MFJ)
Organisation : Bureau français de la MFJ
Collaboration : univ. Chūō.