Le couple Germaine de Staël et Benjamin Constant face à J.-J. Rousseau
[Conférence] Jacques BERCHTOLD (univ. Paris IV)
18h30 – 20h salle 601 en français sans traduction
En 2016 est célébré à la fois le bicentenaire de la mort de Germaine de de Staël (1766-1817) et le quart de millénaire de la naissance de Benjamin Constant (1767-1830). Tous les deux furent de grands lecteurs de l’œuvre de J.-J. Rousseau (1712-1778). Les prises de position de Staël et de Constant envers les philosophes du 18e siècle sont moins caractérisées par filiation que par l’opposition. Le philosophe de Genève les impressionne par son esprit indépendant et combatif. Mais ils ont fait l’expérience de la Terreur qui perpétue des actes condamnables au nom de la théorie rousseauiste. Staël, qui condamne la morale utilitariste des régimes totalitaires, aura cependant des excuses pour Rousseau. Elle lui a consacré un premier ouvrage, Lettre sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau (1788). Constant est plus critique. Contrairement à sa compagne, dans ses Principes de politique (1815), il fait clairement le lien entre Rousseau et les pratiques révolutionnaires qui tournent mal et qu’il condamne profondément. Pour lui, la Révolution marque une césure radicale entre les philosophes du 18e siècle et ceux de la modernité. Le rôle de « spectateur et acteur » du philosophe est un phénomène qu’on observe encore de nos jours. Pour Staël et Constant, cette responsabilité du penseur était au cœur de leur combat.
Profil :
Jacques Berchtold est professeur de littérature française du 18e siècle à l’université Paris-Sorbonne (classe exceptionnelle), directeur de la Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse) et membre du Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (CELLF). Diplômé de l’université de Genève, il a enseigné dans les universités de Berne, Genève, Yale et Johns Hopkins, avant de devenir pensionnaire de l’Institut suisse de Rome. Il fut notamment professeur à Paris 3 – Sorbonne nouvelle, Président de la Société française d’étude du 18e siècle. Il codirige aux Éditions Classiques Garnier la collection « L’Europe des Lumières » ainsi que la nouvelle édition critique des Œuvres complètes de J.-J. Rousseau. Ses recherches portent essentiellement sur les motifs littéraires et sur Rousseau.
Organisation : Institut des sciences humaines de l’université Chûô
Collaboration : Bureau français de la Maison franco-japonaise