Maison Franco-japonaise: 日仏会館 Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (Umifre 19, MEAE-CNRS)

Langue:JA / FR


Agenda

vendredi 25 octobre 2024

Transmettre et se préparer en situation d'incertitudes — conférence de clôture d’un séjour de recherche à la MFJ —


en français avec traduction
vendredi 25 octobre 2024 / 18 h - 20 h
salle 601
Sophie HOUDART (IFRJ-MFJ)

Venue au Japon pour un projet portant sur la notion de « retour d'expérience », j'ai cherché à comprendre ce qui s'apprend et se transmet d'une catastrophe. En prenant pour point de départ la recherche menée depuis 2011 sur la Grande catastrophe du Tōhoku, j'ai élargi considérablement, durant cette année, le champ de mes observations : à Rokkasho-mura, dans cette région du nord du Japon qui connaît aujourd'hui la plus forte concentration d'infrastructures énergétiques du pays ; dans la ville même d'Aomori, où ont lieu les séances d'un procès engagé il y a plus de trente ans par une association luttant contre le démarrage d'une usine de retraitement des déchets radioactifs ; à Hokkaido, sur les sites à l'étude pour le stockage définitif des déchets radioactifs de haute activité - autant de territoires où aucune catastrophe n'est encore advenue mais dont la configuration même est déterminée par sa possibilité, son anticipation, sa préparation. Pour travailler dans cet écart entre ce qui est arrivé, ce dont on fait leçon et ce contre quoi on se prépare, j'ai choisi de décaler radicalement la perspective : il sera ainsi question, aussi, de la marche longue que j'ai réalisée le long du Michinoku Coastal Trail, sentier de randonnée inauguré en 2014 et destiné tout à la fois à commémorer l'évènement catastrophique de 2011, à marquer les quelques mille kilomètres de la côte Pacifique touchée par le tsunami, et à inscrire durablement, dans le corps de ceux qui en font l'expérience, la mémoire de ce qui est arrivé de façon à éviter que cela ne se reproduise à nouveau.

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Sophie HOUART est anthropologue au CNRS, chercheure à l'IFRJ. S'intéressant aux sciences et techniques, elle a réalisé plusieurs enquêtes portant sur les modes de construction et pratiques locales de la modernité au Japon ainsi que sur le thème de la création et de l'innovation (La cour des miracles. Ethnologie d'un laboratoire japonais, 2008 ; Kuma Kengo. Une monographie décalée, 2009, L'universel à vue d'œil, 2012). En 2012, elle a entamé une nouvelle recherche sur la vie après la catastrophe de Fukushima et a contribué, sur cette question, à la constitution d'un collectif hybride, « Call It Anything », regroupant plusieurs chercheurs en sciences sociales ainsi que des artistes et vidéastes autour d'expérimentations croisées portant sur les thèmes du trouble, du territoire abîmé, de la radioactivité, de la recomposition des existants : http://www.f93.fr/fr/project/11/call-it-anything.html. Elle poursuit aujourd'hui la réflexion sur les territoires nucléarisés en l'élargisseant au territoire de La Hague, dans le Cotentin, et à celui de Rokkasho-mura, dans la préfecture d'Aomori, à propos desquels elle fait l'hypothèse qu'ils ont été conçus comme des analogons.

Modérateur : Thomas GARCIN (IFRJ-MFJ)
Organisation : IFRJ-MFJ

* À l'exception des séminaires fermés de recherche ou des événements exceptionnels requérant une inscription payante, l'accès aux manifestations de la MFJ est libre et gratuit. Prière de vous inscrire.

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