Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (Umifre 19, MEAE-CNRS)

* Après inscription, les participants en distanciel recevront un lien Zoom avant la séance.

Les « nouveaux mouvements religieux » japonais font l’objet d’une vaste littérature scientifique – l’attentat du métro de Tokyo en 1995 commis par le groupe Aum Shinrikyo ayant néanmoins amorcé une période de frilosité à leur sujet. Toutefois, le fonctionnement quotidien de ces organisations reste relativement méconnu, malgré quelques récents travaux ethnographiques, tels que ceux de McLaughlin sur Sōka Gakkai. Cette communication souhaite donc offrir des éléments nouveaux à ce sujet. Elle se penchera pour cela sur le cas particulier d’une église chrétienne charismatique fondée au Japon au siècle dernier. Elle s’appuiera sur une enquête ethnographique d’un peu moins de trois mois menée en 2019 auprès de cette petite communauté située dans une région périphérique de l'archipel. 

Il s’agira d'abord de revenir sur les conditions de cette enquête difficile auprès d'un groupe très fermé et dans lequel le contrôle social exercé par les dirigeants est particulièrement fort. Les entretiens, notamment, ont été réalisés en présence des pasteurs, à l'issue de longues négociations. Malgré ces difficultés, l'enquête a permis de rendre compte des relations sociales au sein de l’église : celles de dépendance qui se nouent entre pasteurs et fidèles, mais aussi celles qui se développent entre fidèles, avec notamment une reconfiguration de leurs relations de parenté. Cette communication explorera aussi certaines pratiques rituelles, telles que la prière et le baptême. Celles-ci jouent un rôle central dans la socialisation au sein de l’église et contribuent à asseoir l’autorité des pasteurs. On s’attachera également à montrer que la socialisation au sein de l’institution religieuse ne peut pas être séparée des conditions socio-économiques générales, déterminantes dans les modalités de l’engagement religieux. 

L’enquête sur cette communauté évangélique s’inscrit dans un travail de recherche en cours sur les relations entre organisations religieuses et sphère publique au Japon, dont il sera suggéré pour finir quelques pistes intermédiaires. 

Hugo Trevisan est titulaire d’un master en anthropologie sociale et d’un master en sciences sociales obtenus à l’EHESS et à l’ENS. Son mémoire de master sur le christianisme évangélique au Japon a été récompensé en 2021 du prix Christian Polak de la FFJ. Doctorant à l’EHESS et affilié au Centre Maurice Halbwachs, il prépare sous la direction de Yannick Fer une thèse sur l’inscription des minorités évangéliques dans l’espace social japonais et sur les rapports entre organisations religieuses et sphère publique. Il est actuellement en échange au College of Arts and Sciences de l’université de Tokyo.

Modérateur : Pierre-Jean COLAS (Inalco)
Organisation : IFRJ-MFJ