Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise UMIFRE 19, MEAE-CNRS Séminaire doctoral
Nous aurons le plaisir d'écouter l’intervention de :
Adeline WINTZER, doctorante en sciences politiques à l'Université Hitotsubashi sous la direction de Tanaka Takuji, et à Sciences Po (CEVIPOF) sous la direction de Martial Foucault.
« Les réformes des systèmes de retraite en France et au Japon : discours, rôle des acteurs et dynamiques institutionnelles »
Les systèmes de retraites mobilisent une quantité importante de liquidités, et réunissent un nombre important d’assurés; : par exemple en France, 15 millions de personnes perçoivent une retraite. Évoquer le fonctionnement des retraites, c'est souvent se confronter à un débat technique aux termes potentiellement déroutants. Au Japon comme en France, les dernières décennies ont été ponctuées de diverses réformes du système de retraite. Comment comprendre les logiques qui sous-tendent les réformes de ces institutions particulièrement importantes sur le plan économique et social ?
En France, on peut citer la réforme Balladur de 1993, le plan Juppé de 1995, la réforme Fillon de 2003, la réforme Woerth de 2010 et la réforme Ayrault de 2013. Les réformes des trente dernières années tendent à allonger la durée de cotisation nécessaire pour le versement d'une retraite à taux plein, et tendent à augmenter l'âge légal de départ à la retraite. Dans le cas japonais, des réformes des systèmes de retraite nippons ont été réalisées en 1994, 2004, 2009 et 2012. Ces réformes modifient l'âge de départ à la retraite, mais également des aspects du mode de financement du système. Une indexation macro-économique des pensions a également été mise en place pour fixer le montant des contributions et des retraites perçues. Autrement dit, les assurés n’ont plus «; droit; » de manière absolue à un montant de retraite en fonction du nombre de cotisations versées et du salaire qu’ils touchaient précédemment; ; l’administration peut moduler le montant des retraites versées en fonction de la situation économique nationale. Comment interpréter ces réformes successives; ?
Notre méthodologie repose sur l'analyse du discours et l'analyse socio-historique des politiques publiques. Notre hypothèse est que les diagnostics sur l'état des systèmes de retraite résultent moins d'une réponse rationnelle et neutre aux changements de l'environnement économique et social que de l'interprétation que les acteurs sociaux font de ces changements.
De ce fait, les discours sur les retraites présentent un certain nombre de spécificités potentiellement intéressantes à analyser. Quels sont les termes utilisés pour décrire les systèmes de protection sociale des retraités; ? Quels sont les locutions utilisées par les acteurs pour désigner les changements institutionnels proposés; ? Plusieurs expressions ont ainsi retenu notre attention; : le concept de «; vieillissement actif; », les «; systèmes multi-piliers; », la notion de «; réforme paramétrique; », «; la crise de l'État-Providence; », le «; papy-boom; », les modèles de protection sociale dits «; bismarckiens; » ou «; beveridgiens; », etc. Quelles représentations explicites ou implicites ces expressions font-elles circuler au sein de l'espace public; ? Dans quelles mesures ces locutions peuvent-elles comporter une dimension performative; ?
Dans un second temps, nous souhaitons interroger les logiques institutionnelles à l’œuvre dans ces différentes réformes, au niveau des partenaires sociaux, des acteurs gouvernementaux, etc. Enfin, nous proposerons quelques pistes d'analyse de la réforme des retraites actuellement en préparation en France.
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