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*Entrée libre
Depuis trente ans, Rithy Panh arpente la mémoire de son pays d’origine, le Cambodge. L’arpente, la renouvelle, la ressuscite – tâchant de la soustraire ainsi au trou noir de quatre années (1975-1979) de domination khmère rouge, que lui-même est parvenu, miraculeusement, à fuir.
Depuis Site 2, son premier film qu’il consacre en 1989 à un camp de réfugiés cambodgien en Thaïlande, Panh s’efforce de retrouver les noms, les corps et les gestes des disparus – exemplaire Les tombeaux sans noms, son dernier film à ce jour. D’en dessiner ainsi, comme le propose un film éponyme (2013), L’image manquante. Mais il s’agit aussi pour lui de comprendre ce qu’ont été ces années d’asservissement à une idéologie sans autre but apparent que l’élimination – des hommes et, pour ceux qui survivent, de ce qu’ils conservent d’humain. Panh est ainsi allé écouter, au plus près, les récits des tortionnaires et des bourreaux (S21, la machine de mort khmère rouge (2002), Duch, le maître des forges (2011)). Le cinéma et les archives, l’animation plus récemment, les ressources du montage et de la fiction sont ses alliés face à la duplicité des témoins, à leur mémoire volontairement fautive, ou aux incapacités des cours pénales.
Ils lui semblent aussi un mode de survie, et le moyen de ne pas succomber lui-même à la violence : comme il l’écrit ainsi superbement, le cinéma est ce qui lui permet de garder les poings dans les poches.
Aizawa Toranosuke est cinéaste et scénariste, membre fondateur de la structure de production indépendante Kuzoku. Il a réalisé trois films, dont Babylon 2 - the ozawa en 2012. Il a également co-écrit avec Tomita Katsuya Saudade (2011) et Bangkok Nites (2017), et plus récemment Le chrysanthème et la guillotine (2018), de Zeze Takahisa, pour lequel il a reçu le prix du meilleur scénario décerné par la revue Kinema junpō.
Modérateur : Mathieu CAPEL (IFRJ-MFJ) Organisation : IFRJ-MFJ Parrainage : Ambassade de France au Japon/IFJ
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