Date | jeudi 07 mars 2013 / 18 h 30 - 20 h 30 |
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Lieu | auditorium |
Conférencier | Robert BOYER (Institut des Amériques, Paris) |
Profil : Économiste au CEPREMAP. Il a été directeur de recherches au CNRS. Principaux ouvrages traduits en japonais : La Théorie de la régulation : une analyse critique (La Découverte, 1986) La flexibilité du travail en Europe (La Découverte, 1986) La croissance, début de siècle (Albin Michel, 2002) Une théorie du capitalisme est-elle possible ? (Odile Jacob, 2004) Résumé : La construction européenne qui avait, à l’origine, pour objectif de pacifier les relations politiques du vieux continent, ruiné par deux guerres mondiales, à travers la coopération économique et pour méthode l’élaboration pas à pas de nouveaux dispositifs de collaboration, montre aujourd’hui d’évidentes limites. Certes, l’intégration entre les Etats membres a toujours progressé malgré les difficultés, les oppositions et une succession de crises qui avaient été surmontées. Tel n’est plus le cas depuis l’ouverture de la crise de l’euro car les déséquilibres économiques se traduisent par des conflits politiques ouverts et les ajustements à la marge des dispositifs européens n’ont pu redresser la situation. En effet, des difficultés d’une intensité et d’une complexité sans précédent se présentent aux décideurs européens. Premier lieu, la crise n’a pas été prévue car n’a pas été développé un cadre conceptuel et intellectuel permettant de rendre compte des déséquilibres accumulés depuis le lancement de l’euro : une crise qui n’était pas concevable dans le Traité européen de Lisbonne a désarçonné les élites tant nationales qu’européennes. En second lieu, dans la sphère politique, l’éloignement des décisions prises à Bruxelles, Strasbourg ou Francfort par rapport aux processus démocratiques nationaux n’a pas été compensé par la constitution d’une agora politique au niveau européen, de sorte qu’il est trop tard, au cœur de la crise, pour pousser les feux d’un fédéralisme en bonne et due forme. Les protestations contre Bruxelles et les politiques d’austérité se multiplient et fragilisent l’espoir d’une mise en commun des forces et des faiblesses de chacun des Etats-membres. Enfin, l’incapacité de la Commission Européenne à faire appliquer les règles du fédéralisme par les règles imposées au reste de l’Europe par l’Allemagne, a donné libre champ au jugement de la finance internationale. D’abord favorable, il a brutalement basculé après la crise mondiale liée à l’éclatement de la bulle spéculative des subprimes, car la récession et les plans de sauvetage des systèmes financiers ont creusé les déficits publics, au demeurant de façon inégale selon les pays. En conséquence, tous les plans de sauvetage, tardifs et insuffisants, sont menacés par l’épée de Damoclès de la finance internationale. L’analyse conclut à la double impossibilité d’une part du maintien du statu quo dans la distribution des compétences respectivement européennes et nationales, même amendée à la marge, d’autre part d’une marche forcée vers un fédéralisme fiscal, donc politique, pour surmonter la crise actuelle. Fondamentalement, le cercle vicieux qu’initie la généralisation des politiques d’austérité résulte de l’affrontement d’acteurs aux objectifs contradictoires : maintien de l’orthodoxie monétaire pour l’opinion publique allemande, nécessaire innovation de la Banque Centrale Européenne pour enrayer la crise des dettes publiques, défense du principe de subsidiarité par les citoyens durement frappés par le chômage, réaffirmation de la règle d’or par la commission européenne, impatience et pouvoir des financiers internationaux. L’avenir est donc ouvert selon l’acteur qui parviendra à imposer ses vues et restaurer un minimum de cohérence à une construction européenne qui a montré toutes ses faiblesses. La variété des scénarios que l’on peut ainsi imaginer témoigne de l’incertitude radicale qui prévaut dans cette grande bifurcation du vieux continent. Discutants : INOUE Yasuo (université municipale de Nagoya) KATSUMATA Makoto (université Meiji gakuin) Organisation : Bureau français de la MFJ, SFJ des sciences économiques Site web de Robert BOYER |
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